Dans le contexte d'instabilité climatique actuel, améliorer notre compréhension del'impact de la variabilité climatique sur les continents reste un enjeu majeur. Des traceurs sont disponibles au sein d’archives paléoclimatiques continentales afin de caractériser l’impact des changements climatiques sur l’évolution des paléoenvironnements continentaux. Le Pléistocène (2.6 Ma à 11.78 ka) est caractérisé par de cycles climatiques qui oscillent entre des phases glaciaires et interglaciaires. Ces variations ont été mises en évidence par l’étude des carottes de glace et des carottes marines et sont également enregistrées dans les archives continentales. En Eurasie, les séquences loessiques (dépôts éoliens) sont les témoins des cycles climatiques de courte (stade-interstade) et de longue durée (glaciaireinterglaciaire).
L’impact de ces changements climatiques y est enregistré sous la forme d’alternances entre des périodes froides dominées par la sédimentation éolienne et montrant de taux de sédimentation très élevés (>1 mm.an-1) et celles où la sédimentation se réduit fortement, et pendant lesquelles se développent des horizons pédologiques (sols) dont l’intensité relative (faciès et épaisseur) est directement en relation avec la durée et l’intensité des épisodes de réchauffement correspondants. Cependant, ces archives continentales sont pauvres en bioindicateurs et il est difficile de caractériser et de quantifier les variations climatiques caractéristiques de cette période.
Dans ce séminaire, je présenterai une approche qui intègre des méthodes de géochimie isotopique bien établies (d18O et d13C) associées à des méthodes de chronologies (14C et paléomagnétisme). J’ai appliqué ces techniques à des traceurs originaux caractéristiques des séquences loessiques typiques des milieux périglaciaires de l’Europe de l’Ouest (granules de vers de terre, Vallée du Rhin, Allemagne) et des milieux plus arides d’Asie centrale (concrétions pédologiques, Kazakhstan). Ces carbonates sont particulièrement sensibles aux changements environnementaux et sont donc riches en informations paléoclimatiques et paléoenvironnementales. Mes travaux débouchent sur 1) la quantification des paléotempératures et paléoprécipitations au cours des variations climatiques abruptes millénaires (stades-interstades) en domaine continental et 2) sur une meilleure compréhension de la dynamique du système climatique en Asie centrale au cours des cinq derniers millions d’années.