SEMINAIRE M. Jerome LAVE

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Séminaire

La disparition d'un géant himalayen et ce qu’elle nous dit du destin dramatique des plus hautes montagnes de la Terre.

 

16 juin 2022
SALLE DU CONSEIL

Bien que la dénudation de la chaîne himalayenne ait été abondamment documentée et mesurée, on ne sait pas comment les très hauts sommets himalayens s’érodent, ni comment ils évoluent sur le long terme. Si certains modèles supposent que les processus périglaciaires (gélifraction, …) produisent une érosion régressive rapide des parois des hauts sommets à des vitesses de plusieurs mm/an, des données récentes indiquent que l’intensité de ces processus diminue avec l’altitude, suggérant que les hauts sommets sont exempts d’érosion. Au Népal central dans la barrière des Annapurnas, l’analyse des traces d’un vaste dépôt de brèches apporte un nouvel éclairage sur le destin des géants himalayens. Ce dépôt résulte de l’effondrement d’un très haut sommet, le paléo-Annapurna IV, qui culminait à probablement plus de 8000m et a été « décapité » il y a environ 830 ans. Ce glissement rocheux impliquant un volume de roche de 23km3, à l’instar d’autres méga glissements rocheux observés dans la région, suggère que le mode principal d’érosion des hauts sommets pourrait se faire pas des glissements rocheux majeurs et catastrophiques conduisant à une érosion soudaine de plusieurs centaines de mètres des hauts sommets. Ce mode d’érosion représente le facteur limitant ultime qui empêche les hauts sommets de croître indéfiniment. Il a de surcroît des conséquences majeures sur le paysage plus en aval. L’exemple du paléo- Annapurna IV montre un apport massif de sédiments ayant rempli les vallées sur >150km et saturé en sédiments les rivières himalayennes en aval pendant un siècle ou plus, posant la question de l’aléa associé à de tels évènements